J'avais une accréditation (un passe) pour un festival de cinéma, je m'en suis servi uniquement pour un spectacle de théâtre en marge de ce festival.
D'après le calendrier républicain, nous sommes aujourd’hui le Septidi 07 Germinal de l’an CCXXXII (232), et nous célébrons le Bouleau.
Et moi depuis quelques jours, je vois des bouteilles de sève de bouleau qui attendent des pigeons pour les acheter.
— C'est efficace la sève de bouleau, ça m'a fait pisser.
— Tu bois d'habitude ?
— Non.
— Bah, bois de l'eau ou du thé ; ça te fera le même effet en te coûtant beaucoup moins cher.
Prendre le train à la gare de Tulle à 9 h 57, ou avant à l'une des gares desservies par le même train – celui-ci part d'Ussel – ou après, à Cornil ou à Aubazine-Saint-Hilaire. Inutile d'arriver beaucoup plus tôt que l'heure indiquée car le train ne part jamais avant, et on ne s'y bat pas pour avoir une place assise.
On arrive à 10 h 25 à la gare de Brive.
Le cinéma Le Rex est à une dizaine de minutes de marche tranquille, pour moi ; les personnes plus lentes mettent plus de temps mais sans rater la séance.
Attention ! Un café au comptoir du buffet de la gare de Brive coûte 1 € 80 (40 centimes de plus que le plus cher que je connais ailleurs) !
Le retour par le train de 13 h 14 convenait aisément après un film d'1 h 45 dans ce cinéma qui – bonheur ! – ne diffuse avant le film aucune publicité, aucune bande-annonce.
Ce train dessert les gares d'Aubazine-Saint-Hilaire, Cornil, Tulle, Gare-de-Corrèze, et ensuite j'ai oublié, jusqu'à Ussel. On peut manger dans le train ses VTS (vivres tirés du sac).
Pour les trains plus tard dans l'après-midi, se renseigner…
L'individu1671137 devient le damoiseau1671137.
À la caisse du cinéma, j'ai failli demander La Fiancée du pirate.
À la sortie du cinéma, après La Fiancée du Poète, le (bon) dernier film de Yolande Moreau, je jette un oeil dans la boîte à livres publique, j'y vois un titre : Quand la mer se retire.
(Quand la mer monte est le titre d'un autre bon film de la même Yolande Moreau.)
À la caisse d'un supermarché, nous sommes trois hommes, chacun avec un cabas. Je suis celui du milieu de la file. Il y a la place à notre bout de la caisse où poser son cabas et le vider directement sur le tapis roulant.
Le premier homme, la soixantaine, pose son cabas par terre, se baisse puis se relève sept ou huit fois afin de poser ses emplettes sur le tapis roulant. Je me dis qu'il ne ménage pas son corps, ou a-t-il besoin d'exercice ?
Vient mon tour ; je pose mon cabas en bout de caisse et le vide ainsi rapidement sur le tapis roulant…
Le troisième homme pose son cabas par terre, se baisse, se relève, se baisse, se relève, etc.
Je lisais Le sergent dans la neige, récit autobiographique de Mario Rigoni Stern de la débâcle de l'armée italienne du front russe. Ce jour-là, après en avoir lu une quinzaine ou une vingtaine de pages, à la fin de ce paragraphe :
Apprenant que Rino est dans une isba tout près, je vais le retrouver. J'ai envie de l'avoir à mes côtés, cette nuit. Je fais rôtir un morceau de porc sur les braises et nous mangeons tous les deux. Enfin, nous nous étendons sous les couvertures et les capotes. La chaleur d'un corps réchauffe l'autre. L'haleine de l'un réchauffe le visage de l'autre. Nous entrouvrons les yeux par instants, pour nous regarder. Que de souvenirs se nouent dans la gorge. Je voudrais parler de notre maison, de nos proches, des filles que nous aimons, de nos montagnes, de nos amis. Tu te rappelles, Rino, la fois où le professeur de français a dit : « Une pomme pourrie peut pourrir une pomme saine, mais une pomme saine ne peut pas guérir une pomme pourrie » ? La pomme pourrie, c'était moi ; toi, tu étais la pomme saine. Tu t'en souviens, Rino ? Moi, j'avais toujours de mauvaises notes. J'ai tant de choses à te dire et je ne suis même pas capable de te souhaiter une bonne nuit. Nos compagnons dorment déjà, mais pas nous. Dehors, c'est la steppe désolée et les étoiles qui luisent au-dessus de cette isba sont les mêmes qui luisent au-dessus de nos maisons. Nous nous endormons.
… Alors que rien ne m'empêchait d'en lire plus, j'ai refermé le livre, car j'avais l'impression d'avoir « fait le plein », et un peu peur de ne pouvoir ressentir plus. Je n'ai plus rien fait pendant un moment, ou j'ai vaqué à je ne sais plus quelle occupation ne demandant pas grande concentration, et ce que je venais de lire continua de vivre en moi ; j'étais à la fois élevé (dans le sens d'une élévation) et vaguement triste, et vaguement heureux d'être ainsi élevé…
Et encore ce dimanche matin avec un autre livre… Souvent avec une œuvre, livre ou autre…